Le concept de conflit et ses limites d’usage, partie 3/7

Publié le par Maître Delordre

Les coquilles de l’homme (A. MOLES) ; psycho-sociologie des groupes : le groupe des badauds ; Les violences urbaines et les représentations de ces violences chez les différents groupes ; retour sur la théorie du conflit chez Simmel.
 
 
Les coquilles de l’homme
 
Réflexions d’un psychosociologue sur la perception humaine de l’espace.
 
 
L’homme est un être de contradiction, de la contradiction jaillit de la création, de l’opposition au monde sort un autre monde : on ne construit que contre. La philosophie dialectique n’a eu pour rôle que de formuler cette opposition fondamentale qui s’étend aux systèmes de pensée eux-mêmes. « Tout homme moderne, dit Valéry, et c’est en quoi il est moderne, vit familièrement avec une quantité de contradictions qui viennent tour à tour sur le devant de la scène de son esprit. » Mais il ne faut pas confondre l’incohérence de l’être moderne avec la contradiction assumée et explicite d’une dialectique génératrice de tensions.
 
Les problèmes d’architecture sont mal posés sur le plan sociologique : l’urbanisme paraît bien plus une sécrétion d’un passé fragmentaire qu’une doctrine intégrée : la masse humaine réagit sinon indépendamment des volontés de l’architecte, en tout cas de façon différente de celles qu’il avait prévues. Riesman, dans son célèbre ouvrage sur la foule solitaire, évoque ici l’image du gyroscope, de la « réaction gyroscopique » d’une foule téléguidée qui réagit toujours à angle droit de la force qui l’a actionnée, celle, éventuellement, de ces leaders de l’organisation de l’espace que sont les urbanistes de bonne volonté, voulant agir sur la masse dans un certain sens en fonction d’une image construite par l’assemblage des activistes, urbanistes, sociologues, financiers et technocrates qui régissent, après « négociation », la construction des projets. La masse sociale réagit non pas directement contre, ou pour, l’impulsion qui lui est proposée, mais à 90° de celle-ci, elle échappe pour ainsi dire à l’action de sa réaction, et la société constructrice a très mal tenu compte, jusqu’à ce jour, de ce phénomène.
 
Pourtant, jamais la possibilité d’action de l’homme sur son milieu n’a été aussi grande. Construire sur ou sous la mer, sur ou sous la terre, construire en volume ou en surface, faire pousser des arbres sur les immeubles ou mettre des aquariums dans les fenêtres, qui nous en empêche, sinon une faiblesse de la volonté ? C’est bien ce que constate le sociologue : les activistes sociaux, les entrepreneurs dynamiques à la Schumpeter se heurtent essentiellement à la passivité des masses, à leur absence de sens du futur, à leur incapacité d’imaginer, à leurs récriminations a posteriori.
 
On pourrait dire que la société technologique en cours de condensation et de prise de conscience est définie par quelques théorèmes de l’évolution :
 
(1)     ce qui ne nous plaît pas, nous allons le changer ;
(2)     nous ferons mieux la prochaine fois, c’est l’axiome du coureur cycliste appliqué à la course au progrès ;
(3)     la matière et sa mesure : l’argent, sont secondaires vis-à-vis du coût du temps mesuré par l’effort-temps, nouvelles unités de la sociologie.
 
Nous devons repenser notre société en budgets-temps et ici nous sommes pris entre le monde ancien où le coût en matières et en travail était déterminant, et les structures d’un monde qui tend à être défini par la valeur du temps, ce fondement ruineux de notre substance, disait Bossuet, prix du temps que l’humaniste traduit en « minutes d’occupation contrainte ».
 
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L’homme construit sur des oppositions : les formes qu’il réalise n’existent pour lui que dans leur opposition avec le fond, le dedans avec le dehors, le vide avec le plein, la concentration avec l’isolement.
 
La première remarque que nous propose une psychologie urbaine, c’est donc une théorie des contrastes, nécessaires à une dynamique vitale. La ville n’existe comme concentration en trois dimensions que par rapport à un espace indéfini et rare en deux dimensions : celui qui a donné lieu à la morale agraire, remplacée au XIXe siècle par la morale industrielle, sur laquelle nous vivons, mais qui est déjà en voie de céder la place à la morale de l’automation.
 
La morale agraire donnait à la conservation une valeur créatrice, récoltes et semences, avarice et fermeture sur soi, granulation de points sur le champ et sur la carte.
 
La morale industrielle cherchait ses valeurs créatrices dans l’évolution.
 
La morale de l’automation propose la destruction créatrice : à ce qui est détruit correspond du nouveau, la destruction est orientée vers la construction, on ne peut construire sans détruire dans un univers saturé ou concentré : la matière de la construction étant de toute façon affluente à la vie assurée en abondance. Le volume urbain est plein, il est défini par la concentration et non par la prolifération. La naissance de la ville est la concentration dans l’espace et dans le temps. La concentration a toujours signifié socialisation et le diagramme exprime l’idée d’une variation du pourcentage de temps socialisé (temps passé avec d’autres, à l’exclusion des esclaves familiers, le chat, la famille, le couple).
 
Deux courbes s’y superposent : celle du mode de vie concentré et celle du mode de vie dispersé, d’où émerge une dialectique fondamentale de la vie de l’être dans l’espace : soit concentré, où l’occasion de se socialiser lui est offerte en permanence, soit dispersé, où cette occurrence est liée à une réaction positive, un déplacement, une volonté.
 
Pour vivre en société, disions-nous, il faut pouvoir vivre en dehors de la société. L’homme, maître et possesseur de la nature selon la formule cartésienne, reste encore possédé et maîtrisé par la société. Cette morale industrielle fera-t-elle place à une morale de l’automation et du temps libre où l’individu deviendrait maître et possesseur de la société au lieu de se faire posséder par elle ? C’est la question que doit se poser le modeleur de l’espace urbain en fonction de l’appropriation que l’être en fera. Vivre en société signifiera de plus en plus pouvoir vivre en l’absence de la société, et signifiera l’alternance temporelle de la concentration et de la dispersion.
 
W.H. Whyte pose la question d’une psychologie de l’espace urbain en ces termes : « Les gens de toutes sortes qui choisissent la ville ont tous en commun leur amour de la ville. Ils aiment la vie privée qu’elle préserve, son compartimentage, ses innombrables magasins hétéroclites. Ils aiment la fièvre de la ville ; pour certains, la nuit les sirènes d’alarme retentissent comme une musique. Ils en aiment les contrastes infinis, les foules multicolores. Ils aiment jusqu’à l’idée de la débauche qui exerce sur eux une certaine séduction. Peut-être n’iront-ils jamais dans un night-club, mais ils éprouvent du plaisir à savoir que s’ils en avaient envie, il y en aurait toujours un où aller. » Un habitant de Chicago a traduit ce sentiment en disant : « Peu importe ce qui se passe : cela se passe ici ». (The Exploding Metropolis).
 
Pour assurer cette dialectique, l’homme invente la paroi, le mur, la frontière, dense, impénétrable, opaque, qui établit une sorte de « distance concentrée ». Le mur est une concentration de la distance dans la mesure où la distance affaiblit, réduit, élimine, interdit.
 
Autant d’aspects de la distance comme effort de jonction, autant d’aspects du mur. Celui-ci naît très vite sous sa forme la plus complexe : il faudra une phénoménologie pour en dissocier les fonctions. Le mur sort tout bâti de la paroi animale des coquilles de l’être ; la pierre, le bois, la tôle, englobant un volume dans leurs surfaces, définissent ces coquilles de l’homme : un « Dedans » et un « Dehors », elles matérialisent les frontières de l’Umwelt, le « chez moi » par rapport au « chez les autres », le chaud par rapport au froid.
 
Les fonctions du mur
 
(1)     isoler thermiquement : chaud froid
(2)     isoler du vent, de la pluie, des intempéries
(3)     isoler visuellement : dialectique du paravent, mur de la vie privée, éventail
(4)     isoler du son : le silence ou le bruit comme produits autonomes
(5)     fonction topologique : la barrière, le « défense de passer »
(6)     fonction de support
(7)     fonction de surface vide à remplir, à décorer
 
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Quelle peut être alors la nature de ces coquilles que l’homme se construit autour de lui et qui représentent dans une psychologie sociale profonde, trop ignorée de l’urbaniste, les vecteurs de son appropriation de l’espace ?
Ces coquilles de l’homme offrent deux aspects : un aspect topologique, un aspect ontogénétique lié au développement humain dans une méthodique confusion du développement de l’être personnel et de celui de l’espèce acculturée. Prenons donc l’homme comme un oignon et cherchons les coquilles successives qu’il perçoit quand il agrandit sa sphère d’action jusqu’aux extrémités du monde :
 
(1)     Il y a d’abord la sphère du geste immédiat, commune au bébé immobilisé dans son berceau, à l’homme d’affaires vissé à son bureau, au paralytique situé dans son fauteuil : sphère d’extension du geste propre, sphère régissant une théorie du mobilier fonctionnel, où le téléphone, les dossiers, les moyens d’expression sont concentrés dans le mètre cube qui entoure l’individu.
(2)      Il y a, au-delà, la sphère d’appropriation personnelle (fig.), l’appartement, qui mérite au plus haut point le nom de coquille individuelle, inviolable, « ouverte » par une clé, la tanière, le refuge où l’être n’est entouré que par des êtres et des objets familiers et sur lesquels il exerce son empire de maître et possesseur. Ses déplacements y sont étroitement limités, mais sans effort appréciable, sans emploi du temps rigide ; l’être ici colle à sa coquille, c’est une sphère de spontanéité sans effort.
(3)     La coquille suivante, c’est celle de la spontanéité : elle correspond, pour l’urbaniste, à l’idée de quartier. Pour l’homme, elle correspond à l’idée d’un domaine familier, mais dont il n’est pas maître ; quand l’homme sort de chez lui, il est chez les autres, ou bien dans le domaine d’une puissance collective. Mais il s’y déplace spontanément, sans plan ni horaire et son effort n’y est pas compté. Le quartier est limité à la distance maxima d’accès sans effort, il a 10 minutes d’effort (fig.), de rayon, c’est la densité d’événements qui lui sont proposés en ce rayon qui différencie les genres de cette cellule de spontanéité. Ce fut le village disparu à l’époque où la société a tendu à se confondre avec la ville. Le quartier marque la personnalisation de l’impersonnel. L’homme s’y sent en sécurité et sans imprévu.
(4)     Au-delà, vient la ville, la cité proprement dite, qui est essentiellement le territoire de chasse. On « y va » et pour cela, on emprunte un mode de transport. On n’ « y est » que dans la mesure où l’on réside en son centre, ce qui n’est le cas que d’individus statistiquement exceptionnels. La ville est le système des services rares, du libraire bien assorti, du spécialiste ou du grand magasin. Elle implique un recours au transport, elle dépasse l’homme, mais il s’y reconnaît, elle est neutre et anonyme, l’homme s’y perd, s’y noie dans le tissu humain, il n’y salue pas, il est indépendant et libre, Magna civitas, magna solitudo, disait Bacon, libre mais non plus spontané ; la ville est de quelque façon centrée et par là développe l’idée de banlieue : ce lieu particulier où l’on est en ville sans y être, frontalier et marginal, tolérable et toléré, à la frontière de l’acceptation et du refus, du dedans et du dehors, du vrai et du faux.
(5)     Au-delà encore se situe la région, domaine où l’homme devient dépendant de son agenda de rendez-vous, d’une distribution horaire, d’une prise de conscience de l’ordonnancement du temps. La première de ces zones, c’est celle de l’accès matériel, sans plan d’occupation du temps. L’automobile a profondément changé tout cela. L’auto, c’est la coquille mobile reliant des coquilles fixes ; l’homme y change de mentalité, il s’approprie un espace mobile. C’est un nouveau concept, le concept de l’homme escargotique : « Je suis l’escargot qui s’en va tout seul et tous lieux se valent pour moi «  dirait-il avec Rudyard Kipling. L’être automibilisé perçoit la région comme l’ensemble des points où il peut aller et revenir dans la journée, c’est-à-dire sans découcher, c’est-à-dire encore sans faire de réservation, donc de plans à l’avance, notion dont les polices du monde entier se sont parfaitement rendu compte.
(6)     Enfin, au-delà, se situe l’espace de projets, la zone de voyage et d’exploration, l’inconnu plus ou moins connu, le nouveau ; c’est éventuellement la nation, et des problèmes curieux se posent au moment où l’homme automobilisé perçoit que la région recouvre ou surpasse la nation, comme c’est déjà le cas en Belgique, Suisse ou Hollande, contribuant à la dégradation progressive de l’idée de nation.
 
 
Ainsi, cette analyse nous propose une série de coquilles de l’homme dans une appréhension phénoménologique de son rayon d’action et des valeurs psychologiques liées à chacune d’elle. Chacune a sa physionomie psychologique ; elles sont le résidu très primitif d’une dialectique de l’expansion et du repli sur soi-même ; leur série régulière est profondément perturbée désormais par l’existence de l’automobile qui pose le problème de leurs rapports dans une perspective différente.
 
Les « parois » ici ne sont plus matérielles. Dès que la coquille de l’appartement, la sphère de sécrétion des objets quotidiens est dépassée, elles sont de nature élastique, marginalistes, elles dépendent de l’effort, elles se mesurent en zones d’effort, par des suites de valeurs : ainsi sommes-nous disposés à donner aux 10 minutes de marche un accès à 600 m, mais nous n’admettons pas pour aller à 6.000 m, c’est-à-dire à 6 km, d’y consacrer une heure qui est pourtant 6 X 10. Il y a là un seuil d’acceptation qui va régir le coût en temps plus encore que le coût strict. Les parois sont des limites à l’imagination : l’individu y est enfermé comme le serait une chèvre attachée à un piquet par une corde élastique, c’est en tout cas sa perception sociale, celle qui le fait revenir à sa coquille fondamentale : l’appartement.
 
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Que serait donc alors la perception topologique des espaces de l’homme ? L’urbanisme est une appropriation fondamentale de l’espace par l’homme. Dans cette perspective, l’urbanisme apparaît comme une théorie des trous : l’œuvre architecturale consiste à construire et isoler des trous dans l’espace, dûment localisés, pour y situer des êtres qui s’approprient l’espace du dedans en le peuplant d’objets dans une lente sécrétion que réalise la civilisation fabricatrice.
 
Or, l’émergence dans la société contemporaine d’une nouvelle valorisation du temps qui en fait le concurrent de l’espace, la subjectivation du temps libre, du loisir, par rapport au temps disposé, vient modifier profondément notre image de l’urbanisme. Le temps lui aussi, tout comme l’espace, apparaît désormais comme un système de pleins et de trous. La désaffection par rapport au travail que l’on peut réduire, mais non supprimer fait émerger une opposition fondamentale entre un temps plein, opaque, résistant et imperméable, celui du travail imposé, contrôlé et qui apparaît comme un temps enlevé à l’être, et du temps libre (Freizeit, loisir), quod licet, il m’est loisible de…
 
Le loisir apparaît alors comme un trou dans le temps, un espace temporel où l’homme peut se mouvoir à son gré, tout de même que dans l’espace géométrique. Il nous faut une définition à 4 dimensions de l’urbanisme, l’appropriation par l’homme des trous dans l’espace-temps.
 
Il n’y a pas encore de théorie de la dialectique de la liberté de l’espace ; nous savons que dans la vie moderne, les parois temporelles sont élastiques et marginales au contraire de celles des volumes d’habitation : les temps de commutation de l’homme urbain oscillant de son lieu de travail à son lieu de vie autonome en représentent les parois. Ils émargent au budget-temps, ce budget qui va régir notre vie sociale dans une civilisation d’affluence. C’est une théorie des trous dans la matière et de leur topologie qu’il faut faire.
 
Deux types de liaisons fondamentales nous sont alors proposés : nous les illustrerons par les images de l’éponge et du fromage de gruyère.
-          l’éponge est une structure de trous dans la matière, topologiquement connectés, liés les uns aux autres, dépendantspar communication ;
-          le fromage de gruyère, c’est au contraire l’idée de trous isolés, d’univers partiels fermés sur eux-mêmes et reliés seulement par des conditions de support matériel. Ainsi l’image de la socialisation se propose dans une métaphore par la liaison des trous de l’éponge dont la communication implique interdépendance.
 
Or nous avons vu que l’homme n’acceptait la socialisation que dans la mesure où il pouvait la refuser.
 
C’est la recherche de l’ailleurs. Ailleurs dans l’espace et ailleurs dans le temps ? Ici se retrouve la dialectique fondamentale déjà évoquée : l’homme moderne pris dans les réseaux de la société paraît n’être susceptible de l’accepter que s’il est susceptible en même temps de s’en séparer : disons sans ironie que l’appel du désert est au cœur de la civilisation urbaine, en pensant à ces splendides déserts que sont les camps du Club Méditerranée et en calculant que si chaque Français veut avoir droit à l’océan vierge et infini, il a droit par là même à 50 cm de côte, dont l’infinitude est évidemment particulièrement restreinte !
 
Laissant de côté ce paradoxe détestable, une théorie s’impose des trous dans l’espace-temps en fonction de la perception propre à leur topologie. L’individu demandera un équilibre temporel entre systèmes liés et systèmes clos. C’est l’idée d’une reprivatisation de la société : l’homme enfermé dans sa coquille close, après sa liaison avec le système collectif qui lui impose ses règles de socialisation, se retrouve seul en face de lui-même, de sa famille et de sa télévision, il recouvre en principe son autonomie.
 
Nous débouchons ici, à partir de l’idée d’un aménagement de l’espace-temps, sur une théorie des systèmes sociaux conçue comme un assemblage de particules. Reprivatisation signifiera essentiellement un découpage de la vie sociale, tantôt dans le temps, tantôt dans l’espace, en deux modes opposés : l’un fortement socialisé, lieu d’échanges sociaux, points de rencontre et volontés de rencontre (sociomatrice des échanges pleine) ; l’autre, au contraire, vide et isolé, l’homme à l’abri de sa clé, isolé par la loi, se retrouve dans des réactions personnelles, apte à une construction autonome dont l’autonomie s’est élargie avec des techniques telles que l’abonnement sur compteur à une distribution municipale d’intelligence que le « Time sharing » des ordinateurs nous promet.
 
Mais un tel système est-il viable ?
 
Ici s’affrontent deux théories : la thèse classique de l’histoire, de Max Weber et de Marx, fait de la société l’essence de la vie, de l’aventure humaine : elle voit dans l’individu un résidu d’une époque passée, destinée à être résorbé par des efforts qui s’avèrent – en tous cas – laborieux. L’individu y est une erreur, il est un représentant attardé de l’évolution : l’individu est le coélocanthe de la civilisation industrielle. Nous avons été entraînés à penser ainsi.
 
Mais la cybernétique des systèmes généraux propose désormais à l’urbaniste une autre doctrine, la théorie des agrégats : les êtres ont deux parts dans leur vie, dans l’espace-temps : une part assujettie, terne et socialisée, habilement contrainte, une part libre et créative dans la cellule d’isolement du Freizeit ou du loisir, du désert urbain d’après 18 H. Nous savons déjà que quand on réalise des modèles de systèmes couplés aléatoirement en de tels agrégats, ceux-ci ont tendance à se décomposer en parties isolées les unes des autres, mais fortement liées entre elles dans leur comportement même si elles partagent l’emploi d’un substrat de liaisons fortes : les canalisations de fluides et de services.
 
Serait-ce donc là le crépuscule des villes ?

Publié dans Sociologie

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